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18 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 3 : ça s'assemble, ça se finit et ça se porte...

Arrive le moment du montage, étape que je redoute toujours un peu.

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Quelques trombones me permettent d'aligner les morceaux et ainsi éviter une couture qui gondolerait. Bien évidemment, il faut que je m'y reprenne à plusieurs fois mais, en m'obligeant à attendre de pouvoir profiter de la lumière du jour. Jje finis par arriver à résultat que j'estime correct. L'autre bonne nouvelle est que le truc semble portable. Il gratte un peu (mais finalement pas plus que ça) et même si j'aurais pu faire les manches plus larges sur le haut, l'aisance me semble suffisante.

Puis les finitions...Les mailles que j'ai passées sur un fil au bout des deux demi-devants, le col et une bordure sur le bas pour que ça soit plus net et un peu plus long?

D'abord le col. Je relève les mailles et je pars en point de toile (ou de demi-toile, décidément, je les confonds bien). C'est l'autre, celui ou à chaque rang tu fais une maille glissée en passant le fil devant la maille endroit avant de tricoter la suivante. Je croise les doigts pour que ça ne roule pas. Et... ça ne roule pas. Donc, la bordure du bas sera dans le même point.

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Ca marche. Reste encore à décider comment fermer la veste : boutons ou fermeture éclair ? J'aime le côté pratique (et faclle à poser) de la fermeture éclair, mais mon entourage me dit boutons. De toute manière, il faut que je parte en quête d'une solution à la mercerie. J'opte pour la fermeture éclair, que je mets 4 plombes à choisir dans le magasin de la grande ville. Puis je rabats mes bords en i-cord.

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Je rentre tous les fils, puis je sors mes aiguilles qui ont un chas pour les admirer. Je déballe la machine à coudre, pour l'admirer aussi... Et je me dégonfle lamentablement pour la couture de la tirette. Jolie-manman me dit de faire à la main, ce sera plus joli. J'essaie, mais j'arrive à faire que du moche. Alors je défais et je vais voir la couturière dans le bourg. Pour une somme modique, elle me fait ça, tout beau, tout propre.

 

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J'ai commencé le 1er janvier 2020. Un peu plus d'un an plus tard, non sans mal, j'y suis arrivée.
Et j'ai de quoi me faire un col accordéon coordonné.

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16 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 2 : ça devient un vêtement...

(suite du message précédent)

Je me suis fait un petit dessin de bandes verticales, en prévoyant de faire un rappel de la succession de couleurs des manches sur le corps, pour que tout le rose que j'avais prévu de mettre ne fasse pas tache. Sur le papier, ça pouvait le faire, alors j'ai attaqué le dos (ou le devant, je n'étais pas décidée). 

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En 3,5 mm, avec une foule de pelotes accrochées au tricot, ça n'allait pas vite du tout... Mais, sachant je ne suis pas vraiment fluette, je me disais que ce pull ne pouvait pas être fait en seulement quelques heures. Alors je me suis obstinée (j'ai un don pour ça)... Pourtant, plus ça allait, moins j'avais de goût à tricoter. Il y avait trop de pelotes accrochées à l'ouvrage. Bref, c'était bien parti pour devenir un boulet. Donc, pause et tergiversations : s'il n'y a plus de plaisir, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Et puis, tous ces blocs ne se mariaient pas tous heureusement. La différence de structure des fils ajoutée à leurs variations de teintes au fil des pelotes donnait à l'ensemble un côté patchwork un peu raté,  OK, on aurait pu continuer en se disant que c'était du free-form. Sauf que ça n'était pas suffisamment free pour rendre bien....
J'en étais à environ 35 cm de haut, produits à un rythme qui allait me prendre des années (et sans aucun plaisir. C'est important le plaisir !). Donc, pause et tergiversations...
J'ai fait une photo pour voir. Souvent, ça aide à décider comment continuer.

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C'était pas complètement moche... mais un peu quand même. Tous ces blocs souffraient d'être limité au petit espace que je leur avais laissé. Ils essayaient tous de déborder, de crier plus fort, mais ne pouvaient pas se faire entendre, à cause de ce confinement à la con. C'était pas heureux pour eux ce tassement et c'était encore moins bon pour ma santé mentale, alors que je me retrouvais, sans avoir rien demandé, moi aussi confinée. Et j'étais persuadée que je pouvais faire mieux avec les mêmes bases. Non, je savais que je pourrais faire mieux ! Et de toute manière, si ça devait devenir une corvée, je n'en voulais plus. Alors j'ai défais et suis restée calme. Il m'a fallu plusieurs heures pour défaire, parce que les croisements de fils n'ont pas brusquement disparu, juste parce que j'avais décidé de défaire. C'est que c'est pas simple un déconfinement.

J'allais garder les manches. Et peut-être écouter ce qu'elles me disaient : "Faut continuer dans la même veine, sans changer de sens".
Comment ça, sans changer de sens ? Aller de droite à gauche au lieu de partir du bas, pour aller vers le haut ? Ca méritait d'être tenté. Alors j'ai tenté  !

SPA53331Enfin, ce n'était plus un boulet  ! Mais, à voir ce tiers de dos, pause et tergiversations, qu'est-ce que j'allais coller comme couleurs à suivre ? L'idéal aurait été de n'utiliser que les couleurs qu'on voit déjà, sauf que ça n'était pas possible, il n'y en avait pas assez.
Et je me suis demandée :  si je mettais en attente et commençais le devant, histoire d'estimer ce qu'il me restera de ces couleurs et de compléter par plus de gris ? Carrément ? Au risque de perdre mon élan ?

Non, pas question de prendre ce risque (le truc allait être oublié quelque part ou défait), donc j'ai fini le dos, en y mettant plus de gris et un peu de rose (mais finalement pas trop). Et j'ai entamé le devant, doucement.

Mais les mois passant, mes articulations se sont mises à craquer, tirer et lâcher. Une pause obligée m'a stoppée net, je n'avais pas trop le choix. Mes bras et mes épaules ne répondaient plus et faisaient mal (à devenir vraiment méchante). Ca m'a gonflée (et c'est pas fini cette affaire) mais c'est comme ça. Puisque le corps ne suivait plus, j'ai trouvé une kiné : sympa, à défaut de réussir à rétablir mon état d'avant.

Puis j'ai testé la méthode de tricot à la portugaise. C'est plus confortable pour mes tendons et hyper facile pour les rangs arrière, mais le passage autour du cou finit par frotter la peau un peu fort. S'il faut que je réessaie, il faudrait que j'arrive à bricoler quelque chose qui préserverait mon épiderme sans nuire à la tension du fil. J'ai plus ou moins bien géré la frustration... J'ai pesté, j'ai râlé, j'ai fait autre chose. Puis, j'ai fait mes exercices d'étirement régulièrement (très régulièrement même, d'ailleurs je continue tous les jours) et petit à petit, je suis parvenue à refaire un rang par-ci, par là, sans me retrouver bloquée.

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J'ai arrêté le premier demi-devant sur un fil (au cas où il me manquerait un rang ou deux pour finir). Parce que finalement, ce qui devait être un pull prévu allait devenir un gilet. Il ne me manquait qu'un demi-devant. Ensuite, il resterait à décider des finitions pour le col et prévoir des côtes (ou autre chose) pour donner un meilleur tombé au bas, sans qu'il y ait besoin de bloquer le tricot sur un tapis (parce que bloquer un tricot, c'est un truc que je ne fais pas !).
(et si tout va bien, un troisième et dernier épisode viendra bientôt clore cette série)

15 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 1 : ça se tricote...

J'adore lire ces histoires de fileuses qui préparent leurs projets avec rigueur et méthode, avec un objectif final clairement défini, celles qui expliquent, une à une, les étapes qu'elles envisagent (toutes méticuleusement réfléchies et exécutées), qui font des photos à tomber et racontent par le menu comment elles y sont arrivées. Il suffit d'aller voir le blog de Ply magazine, ou la newsletter de Spin-off pour tomber sur ce genre d'histoires. En français, il y en a moins, mais parmi les choses à voir, il y a ce que Marie (rue de la laine) nous raconte. Si vous êtes en panne d'inspiration, que vous avez envie d'apprendre (parce qu'en prime, elle vous donne des cours, si vous voulez), c'est sans doute par là qu'il faut commencer.

Chez moi, ça ne marche quasi jamais comme ça :  je prépare rarement les choses en amont. Je file (ou j'achète) un peu (ou beaucoup) et je me demande ensuite si ce que j'ai va pouvoir devenir quelque chose (ou pas). En règle générale, j'essaie et je défais beaucoup. Certains projets aboutissent, d'autres, non, beaucoup jamais.

Pourtant, inspirée par toutes ces fileuses et leurs projets, souvent bien jolis, je me suis dit que j'allais narrer en détail, comment que j'allais m'en sortir pour produire (à vue de nez) un vêtement portable (à condition de ne pas avoir la peau trop sensible), avec une partie de mon stock de filés main. L'idée était de ne (surtout) pas utiliser autre chose que ce que j'avais fait tomber du rouet ! Et tant pis si ça risquait d'être moins impressionnant qu'avec de jolis fils du commerce suivant un modèle tout prêt, à tomber par terre.

Donc, il y a quelques temps (je dirais plus de trois ans), j'ai récupéré une toison de Landes de Bretagne d'un gris superbe, mais d'une douceur toute relative. J'en ai fait des retors à deux brins, souvent avec des culs de cardeuse, achetés en vrac dans une filature, histoire que le fil à tricoter soit un peu moins rèche plus doux et plus souple, mais sans penser une minute à l'accord des couleurs, ni même à ce que je pourrais faire des écheveaux. Au bout du compte, j'ai obtenu une quantité qu'un (ou deux) petits accessoires vestimentaires ne risquait pas de réussir à manger, en y ajoutant parfois du Ouessant, parfois autre chose, mais toujours de la laine (et du cul de cardeuse, en théorie pas trop luxueux). Aucun de ces fils n'a exactement la même épaisseur. M'enfin, comme le tricot pardonne tout (ou presque), je me suis dit que ça ne devrait pas poser de problème majeur.

Je suis donc partie de ça :

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Ca allait piquer un peu trop pour un vêtement pour un bébé ou pour quelqu'un qu'on aime bien, qui aurait pu dire (après un tel cadeau) que, dans les faits, boudiou de boudiou, oui la laine, ça gratte (et pas qu'un peu). Donc, forcément, le résultat de cette aventure ne pouvait être que pour moi (parce que moi je je peux vivre avec le "qui gratte un peu" et que je sais que souvent, c'est tellement doux que t'as envie de plonger dedans, même quand c'est de la toison brute).

J'ai tout filé vraiment comme ça venait, sans me poser de question. Et en fait, je n'étais même pas sûre de vraiment aimer certaines de ces couleurs (c'est ballot !). Bon, finalement c'était pas trop grave : en les mettant toutes, il devait bien y avoir moyen de faire une harmonie d'ensemble, qui me plairait, elle. De toute manière, je n'allais pas déroger à mon objectif final, donc il n'y aurait que du filé main dans ce projet.

Puis j'ai gambergé... longuement... vraiment longuement... vraiment vraiment longuement.

J'ai essayé foule de points différents (pour voir) et finalement je me suis arrêtée sur le point de toile (à moins que ça ne soit le point de demi-toile, je les confonds toujours). Les fils prenant un aspect différent selon les couleurs et l'épaisseur de l'écheveau, ça pouvait rendre pas mal. OK, ce serait du point de toile partout ! Et tricoté en intarsia et en aller-retours, pour faciliter la répartition (et aussi, parce que les quantitiés étaient limitées pour certaines couleurs et que je sais que je suis nulle en calcul).

J'ai fait un échantillon, puis plusieurs échantillons. Ca m'impressionne toujours de voir comment l'effet et le toucher changent avec la grosseur des aiguilles.

Ensuite, j'ai préparé un patron : le dos, le devant, les manches, le creusement de l'encolure, toussa. Je ne me suis pas embêtee, m'inspirant de ce que je trouvais dans les catalogues de tricot, à portée de ma main.

Puis j'ai fait un vague croquis (parce que - je me connais - le plan risquait bien de changer en cours de route).

Et enfin, il me restait les calculs de base, avec mon petit machin en plastique qui me sert depuis des années pour ce genre de choses.

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Les petites roues qui tournent permettent d'avoir le nombre de mailles et de rangs. D'expérience, je sais qu'il vaut mieux partir sur au moins 10 cm d'échantillon, pour éviter d'avoir à jouer les Pénélope (même si ça ne garantit pas à 100% d'éviter de se planter - parfois grave !)
Pour évaluer la répartition des diminutions et augmentations, pas de bile : je savais pouvoir compter sur les fantastiques petits calculateurs d'Antoinette.

J'ai commencé par les manches. C'est pas des plus classiques comme démarrage, mais comme j'avais envie qu'elles soient plus ou moins identiques, je ne voulais pas risquer de me retrouver à cours d'une couleur une fois que l'essentiel aurait été mangé par le dos et le devant.

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Bon, les manches ça l'a fait. C'était déjà beaucoup. Mais, la suite s'annonçait beaucoup plus hasardeuse. Avec plein de rose à utiliser, j'avais bien envie d'en mettre un peu partout (même avec des nuances aussi fluctuantes).

(... et je raconte la suite dans un autre message à venir, sinon, ce sera trop long)

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