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en fonction de l'humeur, de l'inspiration et du temps libre

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27 janvier 2023

Essais de savons feutrés : du savon, de la fibre animale, de l'eau et de l'huile de coude (beaucoup d'huile de coude)

En prévision d'une animation feutrage au printemps prochain, je me suis lancée dans le feutrage de savons.

Hein ? Feutrage de savon ? J'en vois tout de suite se demander à quoi ça peut bien servir.

La réponse est simple : à se laver. Les fibres (animales forcément, le végétal ça feutre pas) viennent entourer le savon et faire une couche délicatement exfoliante, bonne pour la peau, toussa. Quand on pose son savon après utilisation, il ne bave pas partout. Et une fois qu'il n'y a plus de savon, on peut continuer à se servir du truc pour se gommer la face, se démaquiller, ou encore avoir un tawashi classieux qui pourra servir longtemps encore, histoire de faire sa vaisselle de manière é-co-res-pon-sable (c'est à la mode aussi).

C'est joli (enfin, ça peut l'être). Et c'est pas du tout compliqué à faire. Mais (étrangement), je n'ai jamais fait jusqu'ici.
Comme je suis d'un naturel prudent (parfois) je ne me sens pas de risquer de gâcher de jolies nappes colorées, mâtinées de soie, ni d'ailleurs de savon comme je les aime vraiment sur moi.

OK, ok, ok, on arrête de tergiverser. Zou, on y va !

 Premier essai, je prends :

  1. un petit savon de ménage + un petit bout de nappe cardée de laine d'un mouton belge (enfin  je crois, parce que c'est une copine belge qui me l'a donnée) + un tout petit paquet riquiqui de fibre inconnue en bleu, en vert et en rose + quelques tours d'un fil à tricoter connu pour sa propension à feutrer (alors que c'est pas prévu)
  2. j'emballe le savon dans la fibre, j'ajoute mon petit bout de fibres et je fais quelques tours de fil à tricoter feutrer
  3. je fais une recherche avec "felting soap" pour trouver une video de quelqu'un qui a déjà fait
  4. j'emballe mon paquet dans un petit bout de restachou de tissu géotextile (j'avais pas de vieux rideau sous la main)
  5. je frotte comme une malade un coup avec de l'eau chaude, un coup avec de l'eau froide. Je prends des bassines, parce que non, je ne laisse pas l'eau couler mais je frotte longtemps, vraiment longtemps. Le tissu est vraiment utile au début, parce qu'il évite que les fibres partent ailleurs qu'autour du savon
  6. dès que ça se tient à peu près, j'enlève le tissu et j'y vais directement avec les mains
  7. une bonne heure de frottage plus tard, ça nous donne :

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J'aime bien la gueule du savon, alors je réitère l'expérience, mais avec une composition un peu différente...

Du savon de ménage + un petit bout de nappe cardée de mouton d'Ouessant + un petit bout de nappe de mouton inconnu (p'têt du Texel) teinté dans un orange qui pète par une copine très douée et c'est parti pour la même chose.

Une autre bonne heure de frottage dans tous les sens plus tard, j'obtiens un truc moins homogène, mais qui me semble pas mal.

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Et je me dis que celui-ci, je vais le tester !

Je viendrais (sans doute) raconter ce que ça donne d'ici quelques jours ou quelques semaines.

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17 juillet 2022

Et Marie-Claire vint à mon secours...

Plutôt que de défaire un tricot irrégulier (et fin moche) pour la trouze millième fois, je m'étais dit que le crochet rendrait mieux.
Assurément je n'avais pas tort. Mais je n'avais pas compté avec mon inexpérience, mon incapacité à compter comme tout le monde et à imaginer comment continuer. J'étais donc bloquée sur les manches, qui n'allaient pas manquer de transformer un vêtement portable en un gros sac à la fois informe et mal ajusté. Pour les mêmes raisons, le col gondolait et j'avais beau me torturer les doigts (il est quand même un peu dur ce lin bien serré) et le cervelet, je ne voyais pas comment m'en sortir.

Alors j'ai appelé ma copine Marie-Claire pour lui proposer un marché : soit elle tentait quelque chose, en défaisant tout, voire en rattrapant ce que j'avais déjà fait, soit elle gardait le fil pour en faire tout à fait autre chose (parce que Marie-Claire fait toujours de très jolies choses). Malgré les différences d'épaisseurs, la dureté du fil (qui s'assouplira au lavage, c'est sûr), elle a pris sur son temps, pour ne pas trop défaire, rattraper mes brides pas trop nettes, pour que je puisse porter un pull sur mesure, en poussant l'abnégation jusqu'à passer encore une heure ou deux à rallonger les manches quand on s'est vues vendredi.

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Il fait beaucoup trop chaud pour le porter (en fait beaucoup trop chaud pour porter quoi que ce soit aujourd'hui, même ici), mais je suis plus qu'heureuse du résultat.

Merci Marie-Claire !

6 décembre 2021

des petites chaussettes

comme ça, en passant...

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3 décembre 2021

C'est pas de la fibre, mais je ne me sens pas d'ouvrir un blog de cuisine

En faisant le tri dans de vieux mails, je retombe sur une recette de crevettes au lait de coco et je me dis que ça peut être sympa à partager.


Alors voici :

D'abord quoi c'est qu'il te faut :
- des crevettes cuites (ou des crues que t'auras fait cuire dans de l'eau salée), quelle quantité ? Assez pour les gens que tu mettras autour de la table

- du riz (j'ai un faible pour le basmati), que t'auras fait tremper dans trois eaux de rinçage différentes avant de le cuire (je commence à le mettre à tremper au moins 20 mn avant la cuisson), quelle quantité ? Assez pour les gens que tu mettras autour de la table
- un morceau de racine de gingembre fraîche (parce que le sec en poudre, c'est pas pareil), quelle quantité ? Un peu (pas trop quoi). De toute manière si t'en as trop, tu peux couper ce qui te reste en petits morceaux puis le congeler
- des épices : de la coriandre en poudre (ou mieux en graines pilées au mortier juste avant de cuire), une pointe de couteau de cumin en poudre (le cumin, c'est génial, mais si t'en mets trop, ça devient pas bon), des piments oiseau pilés (si t'as pas tu peux prendre de la harissa en tube, ça le fait aussi), du curcuma et aussi du curry jaune en poudre (mais pas trop pour le curry, sinon, t'écrases les autres saveurs), pas besoin de sel (y en a assez dans les crevettes)
- un ou deux oignons (plus, si t'as plein de monde à mettre autour de la table) ou l'équivalent en échalotes
- quelques gousses d'ail (à vue de nez environ 1/5 de ta quantité d'oignons)
- du lait de coco (ou plus luxueux, de la crème de coco) - tu trouves ça en briquette dans la plupart des supermarchés
- du persil frais et de la coriandre fraîche (c'est pour la déco, mais pas que, c'est vraiment mieux s'il y en a...)
- un peu d'huile d'olive ou du ghee (du beurre clarifié quoi, si t'as ça)
- une casserole pour le riz
- un wok pour le reste (les meilleurs, c'est ceux qui viennent des épiceries chinoises que tu peux coller direct sur le gaz, ils ont une couleur acier à l'achat, mais à force de servir (et d'être huilés légèrement après usage), ils deviennent noirs)
 

Ensuite quoi que tu fais pour préparer le machin :

- tu mets le chat dehors, puis tu dépiautes tes crevettes (c'est le plus long et le plus chiant à faire)
- tu mets ton riz à cuire dans de l'eau salée (mais si tu gazes bien, tu peux calculer la cuisson du riz en fonction de quand le reste sera prêt, c'est-à-dire vite, sachant que comme ton riz a déjà été trempé trois fois, il cuira plus vite que normalement)
- tu coupes tes oignons et ton ail en petits morceaux (si t'es équipé, tu peux hacher, mais faut pas que ça fasse de la bouillie)
- tu râpes ton bout de gingembre frais à la râpe fine et là, si ça fait un peu bouillie, c'est ce qu'il faut
- tu mélanges le gingembre frais avec les épices que t'as préparées
 

Puis tu fais cuire le machin :

- tu colles ton wok sur le gaz, feu chaud, avec un peu d'huile d'olive (ou ghee)
- dès que c'est chaud, tu jettes tes oignons dedans
- tu touilles et tu remues

- quand tes oignons commencent à devenir transparents, t'ajoutes l'ail

- dès que ça hume bon, t'ajoutes les épices
- tu touilles et tu remues (le secret est là)
- avant que tes oignons brunissent, t'ajoutes le lait de coco (assez pour ta quantité de crevettes)
- si ton riz n'est pas cuit, tu coupes le feu et t'attends moins d'une minute avant qu'il soit cuit pour remettre le feu sous le wok
- tu jettes tes crevettes dedans (le wok, pas le riz)
- tu touilles et tu remues (je sais, je me répète, mais le secret est là)
 

Enfin, tu dresses tes assiettes, avec le riz, tes crevettes coco un peu à côté et t'ajoutes de la coriandre et du persil.

Et tout le monde est content.

Après manger, tu rinces ton wok (si c'est un vrai) à l'eau chaude, sous le robinet, tu frottes à la paille de fer (mais seulement s'il y a besoin), puis tu recolles le wok sur le gaz (plein pot). Quand le wok est bien sec, dès que c'est revenu tiède, tu passes un chiffon huilé dessus et tu mets de côté jusqu'à la prochaine utilisation.
Et si t'as acheté un wok électrique, tu le revends sur le bon coin au plus vite (ça ne sera jamais aussi bon avec un truc électrique en téfal, surtout que le téflon c'est pas bon à manger).

Y a des variantes à la même recette, avec les épices, mais aussi, le reste. Si tu veux faire végétarien, tu peux mettre des lentilles corail à la place des crevettes, mais assez de flotte avec le lait de coco pour qu'elles puissent cuire et ça prend facile 10 mn de plus.
Tu peux aussi mettre des légumes variés au lieu des lentilles : champignons, carottes (débitées en lamelles à l'épluche-légume), haricots mange-tout, petit-pois, même cubes de patates cuites. Avec le wok, ils seront cuits, mais resteront croquants.

21 mars 2021

Retors pelote

Les couleurs sont chaudes, ça pète bien. Il n'y en a pas beaucoup et je ne sais pas ce qu'il y dedans : mais de la soie (c'est sûr) et de la laine, peut-être du mérinos. La teinturière en aurait peut-être fait un feutrage.

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Si elle l'avait filé, ça aurait sans doute donné un vrai fil d'art, avec des variations d'épaisseur, des intégrations d'autres matières, ou encore d'autres choses, partant dans des directions qui ne sont pas celles que mes petits doigts à moi me dictent. C'aurait été joli, c'est sûr, j'aurais été impressionnée. Mais ça ne se fera pas, alors je n'ai plus qu'à en faire quelque chose, en espérant que le résultat que j'en obtiendrai lui aurait plu.


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18 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 3 : ça s'assemble, ça se finit et ça se porte...

Arrive le moment du montage, étape que je redoute toujours un peu.

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Quelques trombones me permettent d'aligner les morceaux et ainsi éviter une couture qui gondolerait. Bien évidemment, il faut que je m'y reprenne à plusieurs fois mais, en m'obligeant à attendre de pouvoir profiter de la lumière du jour. Jje finis par arriver à résultat que j'estime correct. L'autre bonne nouvelle est que le truc semble portable. Il gratte un peu (mais finalement pas plus que ça) et même si j'aurais pu faire les manches plus larges sur le haut, l'aisance me semble suffisante.

Puis les finitions...Les mailles que j'ai passées sur un fil au bout des deux demi-devants, le col et une bordure sur le bas pour que ça soit plus net et un peu plus long?

D'abord le col. Je relève les mailles et je pars en point de toile (ou de demi-toile, décidément, je les confonds bien). C'est l'autre, celui ou à chaque rang tu fais une maille glissée en passant le fil devant la maille endroit avant de tricoter la suivante. Je croise les doigts pour que ça ne roule pas. Et... ça ne roule pas. Donc, la bordure du bas sera dans le même point.

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Ca marche. Reste encore à décider comment fermer la veste : boutons ou fermeture éclair ? J'aime le côté pratique (et faclle à poser) de la fermeture éclair, mais mon entourage me dit boutons. De toute manière, il faut que je parte en quête d'une solution à la mercerie. J'opte pour la fermeture éclair, que je mets 4 plombes à choisir dans le magasin de la grande ville. Puis je rabats mes bords en i-cord.

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Je rentre tous les fils, puis je sors mes aiguilles qui ont un chas pour les admirer. Je déballe la machine à coudre, pour l'admirer aussi... Et je me dégonfle lamentablement pour la couture de la tirette. Jolie-manman me dit de faire à la main, ce sera plus joli. J'essaie, mais j'arrive à faire que du moche. Alors je défais et je vais voir la couturière dans le bourg. Pour une somme modique, elle me fait ça, tout beau, tout propre.

 

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J'ai commencé le 1er janvier 2020. Un peu plus d'un an plus tard, non sans mal, j'y suis arrivée.
Et j'ai de quoi me faire un col accordéon coordonné.

16 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 2 : ça devient un vêtement...

(suite du message précédent)

Je me suis fait un petit dessin de bandes verticales, en prévoyant de faire un rappel de la succession de couleurs des manches sur le corps, pour que tout le rose que j'avais prévu de mettre ne fasse pas tache. Sur le papier, ça pouvait le faire, alors j'ai attaqué le dos (ou le devant, je n'étais pas décidée). 

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En 3,5 mm, avec une foule de pelotes accrochées au tricot, ça n'allait pas vite du tout... Mais, sachant je ne suis pas vraiment fluette, je me disais que ce pull ne pouvait pas être fait en seulement quelques heures. Alors je me suis obstinée (j'ai un don pour ça)... Pourtant, plus ça allait, moins j'avais de goût à tricoter. Il y avait trop de pelotes accrochées à l'ouvrage. Bref, c'était bien parti pour devenir un boulet. Donc, pause et tergiversations : s'il n'y a plus de plaisir, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Et puis, tous ces blocs ne se mariaient pas tous heureusement. La différence de structure des fils ajoutée à leurs variations de teintes au fil des pelotes donnait à l'ensemble un côté patchwork un peu raté,  OK, on aurait pu continuer en se disant que c'était du free-form. Sauf que ça n'était pas suffisamment free pour rendre bien....
J'en étais à environ 35 cm de haut, produits à un rythme qui allait me prendre des années (et sans aucun plaisir. C'est important le plaisir !). Donc, pause et tergiversations...
J'ai fait une photo pour voir. Souvent, ça aide à décider comment continuer.

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C'était pas complètement moche... mais un peu quand même. Tous ces blocs souffraient d'être limité au petit espace que je leur avais laissé. Ils essayaient tous de déborder, de crier plus fort, mais ne pouvaient pas se faire entendre, à cause de ce confinement à la con. C'était pas heureux pour eux ce tassement et c'était encore moins bon pour ma santé mentale, alors que je me retrouvais, sans avoir rien demandé, moi aussi confinée. Et j'étais persuadée que je pouvais faire mieux avec les mêmes bases. Non, je savais que je pourrais faire mieux ! Et de toute manière, si ça devait devenir une corvée, je n'en voulais plus. Alors j'ai défais et suis restée calme. Il m'a fallu plusieurs heures pour défaire, parce que les croisements de fils n'ont pas brusquement disparu, juste parce que j'avais décidé de défaire. C'est que c'est pas simple un déconfinement.

J'allais garder les manches. Et peut-être écouter ce qu'elles me disaient : "Faut continuer dans la même veine, sans changer de sens".
Comment ça, sans changer de sens ? Aller de droite à gauche au lieu de partir du bas, pour aller vers le haut ? Ca méritait d'être tenté. Alors j'ai tenté  !

SPA53331Enfin, ce n'était plus un boulet  ! Mais, à voir ce tiers de dos, pause et tergiversations, qu'est-ce que j'allais coller comme couleurs à suivre ? L'idéal aurait été de n'utiliser que les couleurs qu'on voit déjà, sauf que ça n'était pas possible, il n'y en avait pas assez.
Et je me suis demandée :  si je mettais en attente et commençais le devant, histoire d'estimer ce qu'il me restera de ces couleurs et de compléter par plus de gris ? Carrément ? Au risque de perdre mon élan ?

Non, pas question de prendre ce risque (le truc allait être oublié quelque part ou défait), donc j'ai fini le dos, en y mettant plus de gris et un peu de rose (mais finalement pas trop). Et j'ai entamé le devant, doucement.

Mais les mois passant, mes articulations se sont mises à craquer, tirer et lâcher. Une pause obligée m'a stoppée net, je n'avais pas trop le choix. Mes bras et mes épaules ne répondaient plus et faisaient mal (à devenir vraiment méchante). Ca m'a gonflée (et c'est pas fini cette affaire) mais c'est comme ça. Puisque le corps ne suivait plus, j'ai trouvé une kiné : sympa, à défaut de réussir à rétablir mon état d'avant.

Puis j'ai testé la méthode de tricot à la portugaise. C'est plus confortable pour mes tendons et hyper facile pour les rangs arrière, mais le passage autour du cou finit par frotter la peau un peu fort. S'il faut que je réessaie, il faudrait que j'arrive à bricoler quelque chose qui préserverait mon épiderme sans nuire à la tension du fil. J'ai plus ou moins bien géré la frustration... J'ai pesté, j'ai râlé, j'ai fait autre chose. Puis, j'ai fait mes exercices d'étirement régulièrement (très régulièrement même, d'ailleurs je continue tous les jours) et petit à petit, je suis parvenue à refaire un rang par-ci, par là, sans me retrouver bloquée.

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J'ai arrêté le premier demi-devant sur un fil (au cas où il me manquerait un rang ou deux pour finir). Parce que finalement, ce qui devait être un pull prévu allait devenir un gilet. Il ne me manquait qu'un demi-devant. Ensuite, il resterait à décider des finitions pour le col et prévoir des côtes (ou autre chose) pour donner un meilleur tombé au bas, sans qu'il y ait besoin de bloquer le tricot sur un tapis (parce que bloquer un tricot, c'est un truc que je ne fais pas !).
(et si tout va bien, un troisième et dernier épisode viendra bientôt clore cette série)

15 février 2021

Culs de cardeuse et brut de fonderie, épisode 1 : ça se tricote...

J'adore lire ces histoires de fileuses qui préparent leurs projets avec rigueur et méthode, avec un objectif final clairement défini, celles qui expliquent, une à une, les étapes qu'elles envisagent (toutes méticuleusement réfléchies et exécutées), qui font des photos à tomber et racontent par le menu comment elles y sont arrivées. Il suffit d'aller voir le blog de Ply magazine, ou la newsletter de Spin-off pour tomber sur ce genre d'histoires. En français, il y en a moins, mais parmi les choses à voir, il y a ce que Marie (rue de la laine) nous raconte. Si vous êtes en panne d'inspiration, que vous avez envie d'apprendre (parce qu'en prime, elle vous donne des cours, si vous voulez), c'est sans doute par là qu'il faut commencer.

Chez moi, ça ne marche quasi jamais comme ça :  je prépare rarement les choses en amont. Je file (ou j'achète) un peu (ou beaucoup) et je me demande ensuite si ce que j'ai va pouvoir devenir quelque chose (ou pas). En règle générale, j'essaie et je défais beaucoup. Certains projets aboutissent, d'autres, non, beaucoup jamais.

Pourtant, inspirée par toutes ces fileuses et leurs projets, souvent bien jolis, je me suis dit que j'allais narrer en détail, comment que j'allais m'en sortir pour produire (à vue de nez) un vêtement portable (à condition de ne pas avoir la peau trop sensible), avec une partie de mon stock de filés main. L'idée était de ne (surtout) pas utiliser autre chose que ce que j'avais fait tomber du rouet ! Et tant pis si ça risquait d'être moins impressionnant qu'avec de jolis fils du commerce suivant un modèle tout prêt, à tomber par terre.

Donc, il y a quelques temps (je dirais plus de trois ans), j'ai récupéré une toison de Landes de Bretagne d'un gris superbe, mais d'une douceur toute relative. J'en ai fait des retors à deux brins, souvent avec des culs de cardeuse, achetés en vrac dans une filature, histoire que le fil à tricoter soit un peu moins rèche plus doux et plus souple, mais sans penser une minute à l'accord des couleurs, ni même à ce que je pourrais faire des écheveaux. Au bout du compte, j'ai obtenu une quantité qu'un (ou deux) petits accessoires vestimentaires ne risquait pas de réussir à manger, en y ajoutant parfois du Ouessant, parfois autre chose, mais toujours de la laine (et du cul de cardeuse, en théorie pas trop luxueux). Aucun de ces fils n'a exactement la même épaisseur. M'enfin, comme le tricot pardonne tout (ou presque), je me suis dit que ça ne devrait pas poser de problème majeur.

Je suis donc partie de ça :

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Ca allait piquer un peu trop pour un vêtement pour un bébé ou pour quelqu'un qu'on aime bien, qui aurait pu dire (après un tel cadeau) que, dans les faits, boudiou de boudiou, oui la laine, ça gratte (et pas qu'un peu). Donc, forcément, le résultat de cette aventure ne pouvait être que pour moi (parce que moi je je peux vivre avec le "qui gratte un peu" et que je sais que souvent, c'est tellement doux que t'as envie de plonger dedans, même quand c'est de la toison brute).

J'ai tout filé vraiment comme ça venait, sans me poser de question. Et en fait, je n'étais même pas sûre de vraiment aimer certaines de ces couleurs (c'est ballot !). Bon, finalement c'était pas trop grave : en les mettant toutes, il devait bien y avoir moyen de faire une harmonie d'ensemble, qui me plairait, elle. De toute manière, je n'allais pas déroger à mon objectif final, donc il n'y aurait que du filé main dans ce projet.

Puis j'ai gambergé... longuement... vraiment longuement... vraiment vraiment longuement.

J'ai essayé foule de points différents (pour voir) et finalement je me suis arrêtée sur le point de toile (à moins que ça ne soit le point de demi-toile, je les confonds toujours). Les fils prenant un aspect différent selon les couleurs et l'épaisseur de l'écheveau, ça pouvait rendre pas mal. OK, ce serait du point de toile partout ! Et tricoté en intarsia et en aller-retours, pour faciliter la répartition (et aussi, parce que les quantitiés étaient limitées pour certaines couleurs et que je sais que je suis nulle en calcul).

J'ai fait un échantillon, puis plusieurs échantillons. Ca m'impressionne toujours de voir comment l'effet et le toucher changent avec la grosseur des aiguilles.

Ensuite, j'ai préparé un patron : le dos, le devant, les manches, le creusement de l'encolure, toussa. Je ne me suis pas embêtee, m'inspirant de ce que je trouvais dans les catalogues de tricot, à portée de ma main.

Puis j'ai fait un vague croquis (parce que - je me connais - le plan risquait bien de changer en cours de route).

Et enfin, il me restait les calculs de base, avec mon petit machin en plastique qui me sert depuis des années pour ce genre de choses.

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Les petites roues qui tournent permettent d'avoir le nombre de mailles et de rangs. D'expérience, je sais qu'il vaut mieux partir sur au moins 10 cm d'échantillon, pour éviter d'avoir à jouer les Pénélope (même si ça ne garantit pas à 100% d'éviter de se planter - parfois grave !)
Pour évaluer la répartition des diminutions et augmentations, pas de bile : je savais pouvoir compter sur les fantastiques petits calculateurs d'Antoinette.

J'ai commencé par les manches. C'est pas des plus classiques comme démarrage, mais comme j'avais envie qu'elles soient plus ou moins identiques, je ne voulais pas risquer de me retrouver à cours d'une couleur une fois que l'essentiel aurait été mangé par le dos et le devant.

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Bon, les manches ça l'a fait. C'était déjà beaucoup. Mais, la suite s'annonçait beaucoup plus hasardeuse. Avec plein de rose à utiliser, j'avais bien envie d'en mettre un peu partout (même avec des nuances aussi fluctuantes).

(... et je raconte la suite dans un autre message à venir, sinon, ce sera trop long)

4 octobre 2020

Quand tu fais un échange tricot avec une copine fileuse...

Une petite paire de chaussettes courtes contre autre chose que je voudrais, c'était le deal de départ.
Je savais que Nadine gazait plutôt bien (même que je porte très régulièrement un châle fait de ses mains que j'appelle ma cape de super-héros) et ça m'a vraiment fait plaisir qu'elle m'en demande encore (parce qu'elle aime la paire qu'elle a déjà), alors finalement je lui en ai fait deux de paires.

Elles n'ont rien de transcendant.

Des toutes simples (juste une petite bande de jacquard) avec un talon en rangs raccourcis, puis des encore plus simples, mais avec un talon "à l'italienne", renforcé.

Source: Externe   Source: Externe

Parce qu'un talon, comme ça, finalement, ça entoure bien le bout arrière de mon pied et que j'y prends goût au portage.

En retour, j'ai demandé un petit truc, taille enfant mais en filé main. Et j'ai eu une merveille de douceur à laquelle il ne manquait que des boutons. Je suis partie en quête du graal de boutons avec un collègue de boulot (parce que l'avis de quelqu'un qui n'est pas de la partie est souvent éclairé). Une fois les boutons trouvés, j'ai mis du temps à être sûre du fil à utiliser pour les coudre. D'autres copines fileuses et tricoteuses m'ont aidée. On s'est mises à plusieurs pour choisir, penchées ensemble sur le tricot et toutes les nuances de fil rose ou vert qui auraient pu aller avec (il y en avait pas mal là où on était).

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Le fil est vert pour aller avec le bout de la pousse de bambou dans la bouche du koala. J'aime comment ça rend.

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Et même si je le savais déjà, je n'en renviens toujours pas de constater à quel point j'ai des copines précieuses (encore plus dans cette période pas simple où tout semble partir en sucette).
Allez voir ce que fait Nadine, elle vend des choses à tomber et prend aussi les commandes (en plus d'être très sympathique, ce qui ne gâche rien).

7 juin 2020

Dans l'intérêt de ma science, épisode quatre : des nouvelles de mes pots de fleur

Je n'ai pas été bonne sur ce coup-là. Le printemps a été pluvieux, très pluvieux, vraiment très pluvieux, alors j'ai un peu négligé d'arroser le persil et la menthe. Il pleuvait tout autour, mais quasiment rien n'atteignait la terre.

Le persil faisait déjà la gueule, mais mon désintérêt l'a tué. La menthe a été plus patiente, elle avait droit à plus de terreau bien friable que de terre du jardin, mais ça n'a pas suffi, d'autant qu'après la pluie, il s'est mis à faire sec, très sec, vraiment très sec. Et comme j'avais la tête ailleurs, je ne me suis pas vraiment occupée de ré-arroser les plants.

Le pot de fleur le moins artistique, celui qu'était juste tricoté/crocheté, puis feutré en machine a bien tenu, mailgré une usure nette à certains endroits (là ou le pot était en contact avec le poteau métallique - passablement rouillé - où j'avais fixé les anses). Je compte le vider, le laver, le sécher, puis le renforcer en le rapiéçant avec d'autres morceaux tricotés puis feutrés pour le remettre en service. Le joli jaune a pris une teinte un peu verdâtre, mais ça reste tout à fait acceptable. Il y a un peu de nylon dans la laine, ça a peut-être aidé à la résistance au temps. Au bout d'un an et un jour, c'est plutôt pas mal.

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Celui qui était (à mon goût) le plus joli n'a par contre absolument pas tenu la marée. Il a été carrément mangé. Par des insectes ? Peut-être, mais les mites ne passent pas pour aimer le soleil et le plein vent. Par des oiseaux pour faire leur nid ? Peut-être. Mais il n'en reste pas moins que ça n'a pas tenu. L'aiguilletage a fragilisé le tricot et n'a semble-t-il pas bien supporté le vent et la pluie. J'ai vidé la terre pour constater que ça se déchirait presque tout seul.

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A gauche les trous que ne demandent qu'à être agrandis. A droite, le fond du pot, qui laisse passer la lumière là où tout l'aiguilletage est devenu tout fin pour carrément disparaître par endroits.  Pas de nylon, ni autre plastique là-dedans. Le pot pourra partir au compost sans empoisonner mes petits vers rouges.

 

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